Les arnaques du volontariat à l’etranger et du voyage solidaire

Cet article enrichi en janvier 2023 avec la réponse à de nombreuses questions posées par les internautes. (voir plus bas dans l’article)
Depuis que je l’ai écrit, j’ai été très influencé dans mes choix et décisions par le livre de Peter Singer L’altruisme efficace. C’est certainement l’une des lectures les plus importantes que j’ai fait ces dernières années et cela ne me permettre de continuer à aider les autres, mais d’essayer de le faire mieux.

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Avez-vous déjà effectué la recherche « volontariat à l’étranger » sur Google ? La première fois que je me suis intéressé au volontariat, durant mon tour du monde en 2010, ce sont les premiers mots qui me sont venus en tête pour trouver des informations sur le sujet. A l’époque, le terme « voyage solidaire » développé par les agences n’était d’ailleurs pas encore très répandu. Et les résultats m’ont choqué. Les sites mis en avant affichaient des propositions de volontariat pour lesquelles il fallait payer des sommes exorbitantes. Depuis, j’ai trouvé de nombreuses informations et regroupé la plupart dans un article intitulé « Comment trouver un volontariat à l’étranger« . Par ailleurs, j’ai également eu des échos de nombreux voyageurs ayant effectué un volontariat et étant déçus de cette expérience. Voici donc un dossier qui devrait vous permettre d’en savoir plus sur les arnaques du volontariat à l’étranger.

Les différences entre le volontariat à l’étranger et le voyage solidaire.

Pour faire simple, je dirais que le volontariat à l’étranger est une mission non rémunérée (mais parfois indemnisée), dans le cadre d’un projet éducatif, social ou encore environnemental. Il peut s’agir d’une expérience de quelques semaines ou de plusieurs mois, voir un an ou deux. Au cours d’un volontariat, vous serez bien souvent amenés à échanger avec la communauté locale. Lors d’un volontariat à l’étranger, vous vous mettez généralement au service d’une association locale.

Le voyage solidaire, c’est encore autre chose. C’est une forme de tourisme alternative, qui favorise les rencontres entre voyageurs. Dans certains, cas, vous accorderez aussi de votre temps à une association ou un projet local, mais la plupart du temps, vous ferez du tourisme, vous visiterez des villages typiques et des sites touristiques. La principale différence avec le tourisme de masse est que l’agence qui vous prend en charge a généralement créé des liens forts avec les communautés locales et vous permet de mieux appréhender le quotidien des habitants du pays, en les côtoyant pour quelques heures ou quelques jours. Cerise sur le gâteau, une partie du montant que vous payez à l’agence est reversée à un projet de développement local. C’est ça, le tourisme solidaire.

Pourquoi payer pour faire du volontariat ?

OUI, il faut payer dans la plupart des cas, et c’est logique, même si cela peut surprendre. Mais attention, pas à n’importe quelles conditions. Revenons à notre histoire de recherche sur Google. Certains organismes, ceux qui ressortent en premier (via les liens publicitaires et les liens naturels) sur la page de résultat, affichent des tarifs assez hallucinants. Ainsi, Projects Abroad (non, non, je ne vais surtout pas leur offrir un lien gratuit…), propose une mission humanitaire de 4 semaines en Ethiopie pour 1955€. Au Pérou, cela montera jusqu’à 2405€ pour quatre semaines d’éco-volontariat…. Sur le site, Projects Abroad évoque sa mission, et se présente comme une organisation internationale de volontariat. Tout est mis en place pour donner l’impression que l’on a à faire à une association, pourtant, il s’agit bien d’une entreprise à but lucratif, et qui tourne bien ! Les comptes de 2012 de son bureau français révèlent un chiffre d’affaires de 537 400 €, des bénéfices (brut) de 103 100 € et un résultat net de 16 800 €. Et rien sur le site n’indique qu’une partie du chiffre d’affaires est reversée à des projets de développement local. Ce n’est donc, ni une association, ni même une entreprise solidaire, mais juste une entreprise qui fait du fric avec la solidarité.

Vous en pensez ce que vous voudrez, mais de mon point de vue, cela ressemble fortement à une arnaque. D’autres organismes, comme Travelworks, proposent des prestations similaires facturée au-delà du millier d’Euros. Je pense sincèrement que l’utilisation du terme volontariat devrait être légalement contrôlée. Heureusement, au milieu de tout cela, Google nous propose quand même CursusMundus, un site qui regroupe des informations sur les différentes formes de volontariat.

Orphelinat Afrique - Arnaques volontariatD’autres agences de voyage solidaire proposent des prestations cher payées, regroupant tourisme et volontariat, mais elles se présentent clairement comme des entreprises, et sont souvent gérées par des passionnés. Deux amis ont fait du volontariat en Afrique via ce type d’agence. Et même si je ne suis pas fan à l’idée de dépenser plus pour quelque chose qu’on pourrait avoir pour beaucoup moins cher dans les mêmes conditions, j’ai conscience que cela peut être utile. Mes amis ne sont pas des baroudeurs, et cette expérience leur a donné envie de refaire du volontariat, différemment. Il faut toujours commencer quelque part.

Comme je le disais plus haut, pour la plupart des missions de volontariat, il faut quand même payer. Certains statuts permettent de bénéficier d’indemnités, mais il faut avoir de l’expérience et il reste toujours des frais à votre charge. Et dans le cas des chantiers ou volontariats court et moyen terme, il n’y aura pas d’indemnisation, mais il faudra payer des frais de dossier (autour de 200€), son billet d’avion, ou encore ses frais de visa et d’assurance. Dans la plupart des cas, le logement, et parfois la nourriture seront fournis. Pourquoi faut-il payer tout ça pour aller aider les gens ? Tout d’abord, parce que vous êtes dans une démarche de volontariat, et non de salariat, il faut l’assumer. Sinon, faites des études vous permettant de travailler dans l’humanitaire, en tant que médecin, spécialiste en agro-alimentaire ou logistique. Ensuite, parce que pour de nombreux volontariats, vous n’avez pas forcément besoin de beaucoup de compétences et/ou des gens déjà sur place pourraient le faire pour beaucoup moins cher que votre billet d’avions. Enfin, volontariat ne veut pas forcément dire humanitaire. Oui, vous allez vous occuper d’enfants dans un orphelinat, oui vous allez donner des cours d’anglais… Mais allez-vous changer, améliorer, la vie de ces gens en faisant cela ? Dites-vous que dans la plupart des cas, ils n’ont pas besoin de vous, et votre passage ne fera pas réellement de différence. C’est, plus qu’un don de votre part, un échange, un partage, des rencontres… autant d’aspects qui vous apportent aussi à vous !

Je recommande donc de passer par des associations françaises (voir liste ici) qui vous mettront en relation avec des associations locales. Vous aurez le choix entre diverses formes de volontariats, dans de nombreux pays du monde. Est-ce la garantie de vivre une vraie expérience de volontariat ? A priori non. Une amie est partie en Tanzanie grâce à une association comme celles-ci. Mais le partenaire sur place n’était pas sérieux, et les deux volontaires sur place ont du « se battre » pour vivre une expérience qui ait du sens. Les associations ayant de nombreux partenaires à-travers le monde, elles ne peuvent hélas pas toujours être garantes du sérieux de ceux-ci. Il peut donc y avoir de mauvaises surprises comme celle-ci, même si cela doit rester très ponctuel.

A votre avis, est-ce une arnaque ou une bonne action ?

Pour terminer, je vais aborder un autre sujet. On reste dans l’esprit du tourisme solidaire et de la légitimité de ses acteurs, ne vous inquiétez pas. Il y a quelques semaines, j’ai participé à un apéro solidaire. Le concept est simple : Vous payez votre entrée dans un bar, par exemple 5€ (qui seront reversés à une association) et bénéficiez de l’happy Hour sur vos premiers verres (les consommations rentrant dans les caisses du bar). Un bon moyen de récolter quelques centaines d’euros et de faire parler d’une association.

melting-pot-developmentLorsque j’y suis allé, la récolte était pour l’association Melting Pot Development. Cette association, dans le cadre d’un road trip en Afrique, rend visite à des orphelinats et leur fournit du matériel. Qu’est-ce qui a bien pu me déranger ? Lorsque j’ai discuté avec l’une des membres de l’association, elle m’a expliqué que le matériel était fourni par des parrains/soutiens dans les pays africains concernés. L’argent récolté ce soir là ou via d’autres évènements ayant pour but de financer le voyage, y compris des bonnes chambres d’hôtel, « parce que c’est aussi les vacances ». En gros elle me disait ouvertement que je contribuais à lui payer des vacances des hôtels confortables… Sur le coup, je n’ai rien dit mais j’ai été très choqué. Et en y réfléchissant un peu plus, je me suis quand même dit qu’elle devait consacrer pas mal d’heures bénévolement à cette action et qu’elle faisait effectivement ce voyage sur son temps de congés. Je ne dit pas que sa démarche est légitime. Je la trouve discutable, mais au moins, elle fait quelque chose. J’ai justement abordé les raisons égoïstes qui poussent les gens à faire un volontariat. Et vous, qu’en pensez-vous ?

Dernier point : si vous avez déjà trouvé un organisme, je vous recommande de prendre une assurance volontariat pour votre séjour, pour ne pas prendre de risque inutile.


Comment éviter le volontourisme ?

Il existe plusieurs façons d’éviter le volontourisme :

  1. Recherchez des organisations de volontariat locales et établies qui ont une bonne réputation et des antécédents de travail efficace dans la communauté.
  2. Assurez-vous que l’organisation de volontariat que vous choisissez est en phase avec les besoins réels de la communauté et que votre travail est réellement utile.
  3. Discutez avec les membres de la communauté locale avant de commencer à travailler pour s’assurer que vous comprenez les besoins et les préoccupations de la communauté.
  4. Assurez-vous que votre travail est en ligne avec les priorités et les objectifs de développement de la communauté.
  5. Évitez les programmes de volontariat qui sont trop court et ne permettent pas aux volontaires de s’impliquer efficacement.
  6. Faites attention à ne pas remplacer les travailleurs locaux qualifiés par des volontaires non qualifiés.
  7. Faites attention à ne pas causer plus de mal que de bien en voulant aider.
  8. Participez à des programmes de formation et de sensibilisation avant de partir, pour mieux comprendre les contextes culturels et les enjeux locaux.

En suivant ces étapes, vous pouvez être sûr de contribuer de manière significative et positive à la communauté locale.

Quelle est la différence entre le bénévolat et le volontariat ?

Le bénévolat et le volontariat sont des activités similaires dans lesquelles une personne s’engage à consacrer du temps et des efforts pour une cause ou une organisation sans être rémunérée. La différence principale entre les deux est la durée de l’engagement. Le bénévolat est généralement occasionnel ou à court terme, tandis que le volontariat est plus long terme et peut durer des mois ou même des années. Le bénévolat est souvent considéré comme une activité régulière, alors que le volontariat est souvent considéré comme un engagement plus formel et plus durable.

Avec quel organisme partir en 2023 ?

Il existe de nombreux organismes français qui organisent des programmes de volontariat à l’étranger pour les personnes souhaitant partir en 2023, voici quelques exemples :

  1. Service Civique : une mission de volontariat d’utilité générale ouverte aux 16-25 ans, avec des projets dans des domaines variés tels que l’éducation, la culture, l’environnement, les solidarités, etc.
  2. CCFD-Terre Solidaire : une association qui lutte contre la pauvreté et l’injustice dans le monde en soutenant des projets de solidarité internationale et en sensibilisant les citoyens à la responsabilité citoyenne.
  3. Amis du Monde : une organisation française qui propose des missions de volontariat dans le cadre de projets de développement en Afrique, Amérique Latine, Asie ou Europe de l’Est.
  4. Solidarités International : une organisation non gouvernementale qui intervient dans les situations d’urgence humanitaire en apportant une réponse adaptée aux besoins des populations affectées.
  5. Volontariat International en Entreprise (VIE) : une mission de volontariat pour les jeunes de 18 à 28 ans, qui leur permet de s’engager dans des projets à l’étranger, au service d’entreprises françaises.

Il est important de noter que ces suggestions sont des exemples et il existe de nombreux autres organismes français qui proposent des missions de volontariat à l’étranger. J’espère vous avoir aidé avec ces informations. Le plus important est que vous preniez votre temps et que vous n’hésitiez pas à poser plein de questions aux organismes qui vous intéressent.

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Christopher

Accro au voyage depuis 2008, j'aime découvrir de nouvelles destinations en prenant mon temps, et si possible en faisant du sport ! Je suis également passionné de cinéma, donc il peut m'arriver de faire référence à des films dans certains articles.

37 CommentsLaisser un commentaire

  • Bonjour à tous,
    J’arrive un peu tard sur cette discussion que je trouve très intéressante.
    En effet j’ai envie de créer une plateforme dans sur la base du voyage participatif.

    Si je peux me permettre je souhaiterais apporter ma vision des choses, et resterais très ouvert à la critique constructive.

    Ce type de volontariat me paraît très bénéfique pour l’ensemble des acteurs:

    – Le volontaire: Beaucoup de personne recherche l’expérience avant tout.
    Nous avons besoin de nous sentir vivre et utile au monde.
    Nous n’avons pas tous les moyens et l’envie d’envoyer 600 € ou plus à une association.
    C’est pourquoi il me paraît totalement logique de proposer un voyage utile à tous en permettant au volontaire de vivre une chose qu’il fera peut être une seule fois dans sa vie.

    – L’association: Il faut savoir qu’il existe environ 1million d’association en recherche active de volontaire (n’appliquant pas forcément de l’expérience ni de durée). Ce qui exprime clairement un besoin.
    A savoir un volontaire reçu apporte une contribution financière pour apprendre et aider, ce dernier une fois satisfait à de grande chance de soutenir l’association à l’avenir. (N’est ce pas cela une bonne communication viable?)

    – La plateforme: Beaucoup d’entre vous n’ont pas cette mentalité (pas forcément mauvaise mais seulement différente).
    Une plateforme de qualité représente un énorme coût d’investissement, d’amortissement et de logistique.
    Il faut penser à la création d’une structure de vente(statut, sûrement agence de voyage), des outils de communications et la maintenance…
    De surcroît la structure a besoin de salariés pour la gestion.

    Si les futurs volontaires veulent une prise en charge de qualité il faudra forcément le financer.
    Il me semble que ce business une fois transparent n’est pas négatif car il se consacre à faire gagner tout le monde… Mais ne vend pas de l’huile de palme..
    Merci à tous
    Antoine

  • Qu’est-ce que c’est que cet article qui tombe lui-même sur un google qu’il fustige derechef par un parisien parigot qui croit venir apprendre la vie au beauf de Cabus. Je cite: « Tout d’abord, parce que vous êtes dans une démarche de volontariat, et non de salariat, il faut l’assumer. Sinon, faites des études vous permettant de travailler dans l’humanitaire, en tant que médecin, spécialiste en agro-alimentaire ou logistique. Ensuite, parce que pour de nombreux volontariats, vous n’avez pas forcément besoin de beaucoup de compétences et/ou des gens déjà sur place pourraient le faire pour beaucoup moins cher que votre billet d’avions. » Bel état d’esprit. Je comprends mieux pourquoi le monde est comme il est: Afrique, Chine et Amérique du Sud réunis. Belle leçon de real-politik et de libéralisme élitiste. Édifiant. Nothing more.

  • Je suis partie au Costa Rica 3 semaines avec ProjectAbroad pour enseigner le français et je vous le déconseille. Le prix du séjour était onéreux et les services sur place décevants : mauvaise organisation (on ne m’a trouvé une école pour enseigner au bout d’une semaine seulement), peu de moments de réunions entre volontaires et surtout de nombreux frais supplémentaires (les repas des WE ne sont pas compris dans le prix du projet !). A éviter !

  • Ton article résume bien le problème. C’est la différence entre l’écovolontariat et l’écotourisme d’après moi, même si ce n’est pas explicitement défini. Comme toujours, ce n’est ni tout blanc ni tout noir, il faut se renseigner, faire ses recherches au préalable. Parfois on tombe sur de petits projets au top, et d’autres fois, c’est un coup de malchance, le projet est inutile mais nous offre au moins l’opportunité de s’intégrer à la communauté locale et de partager des moments ensemble, une autre manière de voyager hors du circuit touristique classique.

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