Le grand moment était enfin arrivé. Après une nuit agitée au cours de laquelle j’ai eu beaucoup de mal à trouver le sommeil, je me suis levé à 6h du matin, une bonne migraine à la tête, pour découvrir les premières lueurs du soleil naitre sur les plus hauts sommets du monde, comme chaque matin depuis des millénaires.
Les différents guides népalais présents la veille dans la salle à manger commune nous avaient dit que le lever du soleil commençait à 7h. Par précaution, je m’étais levé une heure plus tôt, afin d’être prêt pour 6h30. J’en profitais pour aller me réchauffer dans la salle à manger à l’aide d’un thé bien chaud. Pour ce moment magique, j’avais réussi à conserver un snicker. C’était en fait une très mauvaise idée, puisque celui-ci, à cause des températures négatives, était dur comme du béton. J’ai été obligé de le laisser tremper pendant plusieurs minutes dans mon thé. Je ne l’ai finalement pas vraiment apprécié puisque la majorité du chocolat, fondu, préférait rester sur mes doigts.
La barre de chocolat n’était pas la seule victime du froid glacial puisque le fond d’eau qui restait dans ma bouteille s’était transformé en glace durant la nuit. Enfin, le froid faisait une dernière victime, et non des moindres, moi-même. Lorsque les premières couleurs rosées sont apparues sur les sommets enneigés à 6h30 (j’avais bien fait d’être prévoyant), je me suis précipité dehors pour apprécier la beauté du moment dans toute sa splendeur. J’ai alors entamé une véritable lutte psychologique avec mes pieds, complètement gelés, pour rester sur place, et encore plus avec mes mains, à chaque fois que je voulais enlever mes gants pour prendre une photo.
Ne souhaitant pas redescendre dans le froid, j’ai préféré attendre que le soleil gagne le camp avant d’attaquer le chemin du retour. J’en ai profité pour prendre mon petit déjeuner avec les autres voyageurs ayant bravé le froid pour partager ce moment magique. La gelée et l’absence de nuages rendant l’endroit encore plus beau que la veille, je prenais également le temps de reprendre quelques photos.
A 8h20, le soleil avait gagné le camp et entamé sa descente vers MBC. Je me suis alors lancé à sa poursuite. J’arrivais finalement avant lui à MBC, en 50 minutes. Là, je prenais quelques minutes pour réchauffer les piles de mon appareil photo, elles aussi gagnées par le froid, sous une tasse de thé noir. Je n’étais plus très loin de Deurali, là ou j’avais laissé Lara la veille. Mon bâton de bambou bien en main,, je me suis mis à courir aussi vite que possible à travers ce paysage incroyable. Je me sentais comme Legolas, Aragorn et Gimli dans le seigneur des anneaux, courant à travers la terre du milieu pour secourir les hobbits Merry et Pipin capturés par les orcs. En moins de 40 minutes, j’étais à Deurali et retrouvais ma bien aimée tout sourire, en pleine forme.
Avant de reprendre la route, nous avons pris le petit déjeuner sur place. J’en ai profité pour recharger mes piles plus longuement au soleil. Dans le chemin de la descente, je me suis arrêté aux toilettes de Dovan. Cela m’a permis de me rendre compte que le Micropur que nous mettions dans l’eau de la rivière et du robinet n’était pas si fiable que cela. En effet, comme cela est aussi arrivé à un autre voyageur durant ce trek, je trouvais quelques tache rouges dans mes selles. Des taches de sang. Nous avons donc décidé de ne plus consommer l’eau de la rivière mais acheter l’eau filtrée proposée dans les lodges.
Après Dovan, la plupart des voyageurs redescendant d’ABC s’arrêtaient à Bamboo, après une longue descente très exigeante pour nos genoux et les muscles fatigués de nos jambes. De notre coté, nous avons choisi de poursuivre un peu plus loin, jusqu’à Sinuwa, car la journée du lendemain s’annonçait chargée.
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