Il y a bien longtemps, dans un désert fort lointain… Non, ce n’est pas si lointain. Et pourtant, je vais vous parler d’une histoire que je traine dans les tiroirs depuis quelques temps déjà, principalement parce que j’ai envisagé différentes formes pour la raconter : nouvelle, court métrage improbable… et finalement récit de voyage ici même… Il s’agit d’une aventure dans le désert au Sud de la Tunisie, initiée, surtout, pour découvrir les fameux décors de tournage des films Star Wars, et ponctuée de moments tour à tour difficiles, insolites et surtout inoubliables.
La menace chaleur
Nous étions donc en plein mois de mai, je venais d’arriver à Tozeur, cité aux portes du désert et de ses espaces arides et hostiles à l’homme. Les rues en avaient déjà un peu l’apparence, loin du tumulte qui règne à Tunis ou encore à Sousse. Avec la chaleur qui régnait, je me suis presque cru dans un Western. Jusqu’à ce qu’enfin, une voix se fasse entendre ! Le sheriff de la ville voulant vérifier mon identité ? Pas du tout ! Il s’agissait simplement d’un homme, accompagné d’un dromadaire, me proposant de faire un tour gratuit, en espérant me vendre autre chose après, bien sûr. Pas de doute, j’étais toujours en Tunisie !
Je ne sais pas si c’était à cause de la fatigue, ou simplement parce qu’à l’époque j’étais un voyageur plus naïf. Quoiqu’il en soit, je me suis laissé embarquer dans ce premier périple inattendu. La promenade a, en fait été plutôt agréable. Le guide était sympathique et lorsque l’on se retrouvait en hauteur, à « contempler » une tentative de parcours de Golf en plein désert, nous avions tous les deux le sang glacé, malgré le soleil plombant.
Au cours de notre conversation, comme il fallait s’y attendre, il m’a demandé ce que j’étais venu faire, et « comble du hasard », il pouvait justement y répondre. Il me proposait de m’amener, le matin, sur le lieu de tournage de Star Wars Episode 1 pour le reste de la matinée, avant d’enchainer avec une excursion dans le désert, jusqu’à un campement berbère ou je pourrais passer la nuit. De ce que je m’en rappelle, ça m’avait couté un peu plus de 100€. Aujourd’hui, je ne sais toujours pas si c’était le meilleur prix que je pouvais obtenir. Mais je ne regrette aucun Euro et même si j’avais payé le double, je serais heureux de l’avoir fait. Et pourtant, tout ne s’est pas si bien déroulé…
La guerre des prix
La visite du décor représentant Mos Espa s’est déroulée sans soucis. Après un trajet en 4×4, je me suis retrouvé au milieu des dunes, les yeux ébahis et le sourire d’un gamin de 5 ans, à observer les bâtiments et objets face à moi et qui semblaient tout droit sortis des films de Star Wars. Armé de mon appareil photo, je les ai mitraillés sous tous les angles possibles. Un vrai petit geek dans son univers. Tout s’était déroulé comme prévu, et après quelques minutes d’explorations et de pauses photo, il était temps de repartir.
C’est de retour à Tozeur que les choses ont commencé à se gâter. Soudainement, il me fallait un voile pour protéger ma tête du soleil et du sable, et, bien sur le payer. C’était plutôt cohérent, mais cela aurait pu être dit avant, et surtout, fait sans avoir à poireauter pendant 30 minutes en attendant qu’un ami arrive avec un son voile à vendre. Après cela, il fallait acheter de l’alcool de Palme, une fabrication artisanale du coin. Je commençais à m’énerver de devoir passer par cette assez longue étape « shopping » alors que je n’avais qu’une envie, me confronter au désert et explorer une autre culture lors de notre étape au campement berbère.
J’ai attendu, attendu, et puis au bout d’un moment, ils se sont décidés à me faire partir. Et le désert était effectivement rude. Je n’avais probablement pas assez bu et ma peau de roux ne fait pas de moi quelqu’un d’hyper résistant au soleil. Edward Cullen, de Twilight, brille au soleil. Bin moi je grille et je deviens tout rouge (d’où le surnom Chris le rouge, justement apparu durant ce périple tunisien). Lorsque nous sommes arrivés au campement berbère, en milieu d’après-midi, j’étais fatigué, toujours un peu énervé et j’avais mal au crâne. J’ai donc voulu faire une petite sieste pour me sentir mieux. A mon réveil, pas si longtemps après, je me sentais déjà nettement mieux. Le guide m’a alors proposé d’aller faire un nouveau tour dans le désert, dans une zone que nous n’avions pas exploré…
Un nouvel espoir
Je suis donc remonté sur le dromadaire, dont j’ai oublié le nom, mais qui, pour l’anecdote, aurait travaillé sur les tournages de Star Wars. Anecdote ou fausse histoire pour touriste, je ne le saurais jamais non plus je pense ! Quoiqu’il en soit, cette deuxième excursion était nettement plus agréable que la précédente. Le soleil commençait à faiblir et il abandonnerait bientôt son règne sur le désert à la lune et aux étoiles.
Durant cette balade, nous avons fait une pause au milieu de nulle part, ce qui, vous allez me dire, n’est pas bien difficile en plein désert. Le soleil étant moins fort à cette heure-ci, j’ai voulu me mettre torse nu pour prendre quelques couleurs pendant que j’explorerais les environs. Et c’est là que les choses prennent une tournure inattendue et plutôt étrange. Mon guide, assis à côté de son dromadaire m’a alors dit que je pouvais carrément me mettre tout nu, qu’il n’y avait personne autour.
Au départ, j’ai trouvé ça un peu étrange. Puis je me suis dit que je n’aurais peut être jamais l’opportunité d’être ici une deuxième fois, et qu’un peu de folie rendrait ce moment un peu plus unique. Je me suis déshabillé et j’ai commencé à courir, entièrement nu, au beau milieu de nulle part. J’ai été gagné par un sentiment de liberté totale, comme je n’en ai pas connu d’autres. Il n’y avait plus que moi et la terre, le sable, et quelques plantes tentant de survivre à cet environnement hostile. Aujourd’hui, je me souviens avec beaucoup de nostalgie de ce moment vraiment unique. Si vous avez un jour l’opportunité de vivre ce genre d’expérience, faites les yeux fermés (mais faites quand même un peu attention aux cactus) !
Le retour de l’alcool
La soirée au campement a également été un beau moment de voyage. Le guide, qui m’avait tant énervé plus tôt dans la journée avec ces longues périodes d’attente avant l’excursion, avait ramené du un peu de bière, du rosé, et même l’alcool de palme artisanal qu’il avait essayé de me vendre ! Nous avons mangé, bu, et parlé de tout et de rien. C’était, je crois, le premier tunisien que je rencontrais à me dire franchement ce qu’il pensait de Ben Ali, alors que celui-ci était encore au pouvoir. Nous avons également parlé religion, voyage et bien sûr culture berbère.
Il m’a notamment raconté l’histoire de Kahena, une berbère du VIIe siècle, considérée à la fois comme l’une des premières reines guerrières et comme l’une des premières féministes. Après avoir perdu sa dernière bataille, elle s’est réfugiée dans l’Amphithéâtre d’El Jem, un site que j’avais eu l’opportunité de visiter quelques jours plus tôt.
J’ai fermé les yeux Et là, le rosé, l’alcool de palme, les berbères, El Jem, Star Wars… tout s’est mélangé. J’ai imaginé Natalie Portman, héroïne de la saga de science-fiction, en train de combattre ses adversaires au sein de cet édifice majestueux. Je me rappelle même m’être imaginé écrire un court métrage sur le sujet et le proposer à la belle Nathalie. On va mètre ça sur le dos de l’ivresse et de la naïveté de la jeunesse !
On s’imagine venir pour quelque chose, et c’est finalement autre chose qui nous touche à l’intérieur, qui nous fait ressentir un truc, vibrer… Les décors de Star Wars, c’était sympa, mais c’était très touristique, assez neutre en émotion. Le reste est inoubliable. Cette histoire riche en imprévus et en émotion, j’ai choisi de vous la raconter aujourd’hui, aussi longtemps après, suite à une rencontre également imprévue, pas forcément « dans mon planning » ou mes attentes du moment et qui a su mettre son grain de sable dans mes pensées, contredire des vérités pas si vraies.
Super récit, des souvenirs forts sont bien souvent un savant mélange entre paysages sensationnels, un peu de galère, beaucoup d’imprévu et une belle rencontre.
Tu pourrais créer un groupe avec Seb question carnation qui crame au moindre rayon de soleil. On pourrait vous appeler les peaux rouges 😉
Très chouette récit ! J’ai beaucoup ri devant ton hésitation à la proposition d’épisode « nudiste » en plein désert (je commence à y voir comme un schéma répétitif avec la photo postée avec Lucie ! :p ) ?
Je ne suis encore jamais allée en Tunisie (même si cela peut sembler incroyable, tant la destination est « classique »), mais pourtant je suis bien tentée par certaines régions plus ou moins connues… et celle-ci en fait partie (#geekpower !).
Mais si, comme tu le dis bien, ce sont souvent des choses inattendues qui vont être davantage chargées en émotion et nous marquer à vie ! 🙂
Héhé you did it, tu as publié l’article !
Chouette récit, et de la partie nudiste et de la partie star wars et de tout en fait 🙂