Mike Horn est considéré comme « un aventurier de l’extrême ». Il a fait le tour du monde en suivant la ligne d’équateur, sur 40 000 kilomètres, traversé le pôle nord et plus récemment, tenté le pari fou de gravir quatre sommets de plus de 8 000 mètres à la suite dans l’Himalaya. C’est cette nouvelle aventure qu’il relate dans son dernier livre Vouloir toucher les étoiles… à moins qu’il s’agisse en fait d’un livre sur l’homme. L’homme avec un petit « h », Mike Horn, ce petit Sud-Africain qui s’est vite senti à l’étroit entre 4 murs, à l’armée, en entreprise et dans pays. Mais aussi l’Homme avec un grand « H », en partageant des réflexions universelles sur nous tous et notre planète.
« Vouloir toucher les étoiles » de Mike Horn
Avec ce livre, l’auteur nous raconte l’une de ses dernières aventures. Alors alpiniste débutant, il se lance avec trois amis montagnards, à l’ascension de quatre sommets mythiques de l’Himalaya qui, chaque année, coûtent la vie à de nombreux alpinistes.
Au cours du récit, Mike Horn évoque les ascensions difficiles, les conditions météorologiques, l’euphorie du sommet ou encore la mort d’alpinistes qu’il a côtoyé ou tenté de sauver. Par bien des aspects, cette partie du livre est similaire au film « Everest », qui relate une ascension tragique du plus haut sommet du monde qui a vu la mort de nombreux alpinistes. Malgré quelques belles séquences et des images splendides, je n’avais pas été complètement emballé par le film. Il y avait trop de distance avec les personnages, voir des difficultés à comprendre leurs comportements. Mike Horn, dans « Vouloir toucher les étoiles », nous explique ce qui l’amène à réaliser ce genre de défis et nous explique également ce qu’il ressent durant ces ascensions, que ce soit pendant l’effort, au sommet et lors de la descente. Ainsi, on comprend et on partage ce que lui et ses compagnons vivent.
Voici un court extrait de ce que Mike Horn a pu ressentir sur l’un des sommets : « Etranger sensation, à cette altitude, que celle de l’esprit qui vole autour de son corps, comme un drone autour de soi. Les calculs ne se font plus de l’intérieur mais de l’extérieur. On observe son corps, comme s’il était détaché, comme s’il était un autre. Comment rassembler les morceaux ? »
Surtout, la réalisation de ce « pari fou » comme il le nomme lui-même est avant tout l’occasion pour l’auteur d’évoquer de nombreux sujets personnels, de son enfance en Afrique du Sud à la mort de sa femme Cathy. On découvre comment son père lui a appris à « voir au-delà du mur ». Ses parents semblent avoir accordé beaucoup de liberté à leurs enfants. Mike Horn était hyperactif et c’est assez naturellement qu’il s’est destiné à une vie hors des sentiers battus. Ses frères et sœurs ont, de leur côté, aussi pu évoluer en cohérence avec leur personnalité.
L’auteur évoque également ses rapports avec sa femme, récemment décédée, tout au long de sa vie. Ces nombreuses réflexions et paroles ont fait écho à de nombreuses choses que je pense, questions que je me pose.
Vivre ses rêves, ne pas se laisser emprisonner
L’auteur partage de nombreux points de vue qui me correspondent. En un seul, court paragraphe, il arrive à la fois à parler de l’impact de l’homme sur notre belle planète et à offrir une description assez juste de la montagne, de son sens pour tous ceux qui en sont fascinés : « Sur l’Everest, les pentes sont polluées. Tentes, caisses, bouteilles, toilettes, tout reste sur place. Les hommes souillent les endroits les plus reculés de la planète. Il y a des vortex de plastique, rands comme des continents, qui dérivent dans les océans. Il y a des fosses marines contaminées par l’atome. Il y a des pays entiers dont la terre est imbibée de déchets humains. Des milliers de tonnes de fèces sont jetées dans les fleuves. Les pampas sont constellées de voitures rouillées, les déserts servent de dépotoirs sauvages… Malgré cela, les montagnes restent le symbole de la pureté absolue. »
Comme évoqué plus haut, Mike Horn ne parle pas que de montagne, mais aussi de la vie. Il est tellement facile de passer à côté de sa vie, en trouvant, toujours, plein de bonnes raisons (des excuses ?) pour ne pas avancer, pour ne pas changer, pour ne pas faire ce que l’on désire au fond de nous. Comme il le dit « Il y a 30 000 jours dans une vie ! Vivez tous les jours au maximum ».
Dans un autre passage, Mike évoque qu’il a « déjà passé trois anniversaires entre 5000 et 7000 mètres, sans champagne ni petits fours, étouffé par le manque d’oxygène, mais tellement heureux ». Il qualifie son anniversaire de « rappel que tu as une année de moins pour réaliser tout ce qu’il te reste à faire ». Il conclue enfin en disant « J’ai 47 ans aujourd’hui, et la vie devant moi ».
Cet extrait m’a beaucoup touché car je connais (et j’imagine que c’est le cas pour nombreux parmi vous), beaucoup de personnes qui ont plus de 40 ou 50 ans et sont frustrés. A part râler sur les autres, s’énerver pour des détails, ils ne font absolument rien pour être heureux. Et d’autres personnes, au contraire, n’ont pas peur de changer de vie, continuent à apprendre des choses et à « grandir » quelle que soit leur âge, leurs choix précédents et leurs revenus. Car oui, l’argent ne fait pas le bonheur et on a pas du tout besoin de plus d’argent pour être plus heureux. Beaucoup de gens dans mon entourage me permettent de confirmer cette pensée chaque jour.
Vivre pour soi-même, avec les autres
Mike Horn évoque également dans le livre comment on peut vivre loin de ses proches, tout en les aimant, que ce soit sa famille restée en Afrique du Sud, sa femme où ses enfants. Avec ses parents, frères et sœurs, il semble conserver des liens très forts et même si ils se voient peu, ils sont de nouveau soudés dès que la vie les réunit. Sa relation avec sa femme est un peu particulière car il passe parfois plusieurs mois, voire plusieurs années sans la voir, dans le but de réaliser ses aventures à travers le monde.
Comme je voyage beaucoup et suis amené à vivre des relations (familiales, amicales et amoureuses) à distance plusieurs mois par an, je me reconnais forcément dans ce mode de vie et ces contraintes. On peut avoir des liens très forts avec les gens sans pour autant être tout le temps ensemble. Mike Horn aime profondément sa femme même si il a souvent été éloigné d’elle. S’il avait été marié à quelqu’un qui l’avait empêché de réaliser ces aventures et explorations qui semblent le définir depuis l’enfance, il n’aurait probablement pas été heureux, et un jour il n’aurait probablement plus aimé cette personne.
Aujourd’hui, je voyage plusieurs mois par an, et même si je compte ralentir un jour, je souhaite toujours avoir la liberté de faire ce que je désire. Je pense qu’une relation est viable tant que chacun peut se réaliser et exister sans cette-ci. Une relation doit être un socle permettant justement d’accomplir ce que l’on désire, et aussi de soutenir l’autre dans ses propres envies.
Lire ce livre m’a conforté dans mes choix. Je pensais déjà réaliser l’ascension du Mont Blanc dans quelques temps et j’en ai encore plus envie ! Plus que cela, j’ai été conforté dans l’idée que je dois vivre ma vie en fonction de mes rêves, ne pas me sacrifier pour que quelqu’un d’autre réalise ses rêves, mais au contraire, développer une relation où chacun est la personne qu’il veut être, avec les compromis nécessaires mais sans sacrifices importants. En gros, une relation, qui nous permette à tous les deux, de toucher les étoiles.
merci pour ce concours
Votre article sur ce livre est très intéressant. En effet, il est parfois difficile de concilier vie privée et passion, surtout du voyage.
Je sais que j’ai parcouru pas mal de kilomètres seul, et que je me suis longtemps dit qu’avoir une relation amoureuse pouvait être un frein dans le voyage.
Le jour où on trouve quelqu’un qui comprend son mode de vie, et surtout qui ne souffre pas de la distance, cela devient plus facile et surtout moins « culpabilisant ».
Le must c’est que ma femme m’accompagne aujourd’hui, pas parce qu’elle ne supportait pas la séparation mais vraiment car elle a été gagnée par ma passion des treks à l’autre bout du monde 🙂