A quoi ça sert de voyager ?

voyager sous la neige

Derrière ce titre bien vague, on pourrait mettre pas mal de choses : Découvrir de nouvelles cultures, être émerveillé par l’inattendu, faire de belles rencontres… En fait, j’ai beaucoup réfléchi ces derniers mois à mon voyage en Corée du Sud l’année dernière, aux bonnes choses comme aux mauvaises, et à ce que ce voyage avait pu m’apporter au final.

Volontariat en Corée : Utile pour qui ?

J’avais déjà abordé mon expérience de volontariat en Corée du Sud et fait un bilan de cette expérience l’année dernière. Je n’ai, en revanche, jamais vraiment abordé ma deuxième mission de volontariat, dans une autre région, cette fois-ci dans un lycée.

Lors de la première expérience, je m’étais heurté à certains aspects de la culture coréenne : il fallait « bêtement » obeir aux consignes de l’homme responsable du centre. Si nous pouvions faire des suggestions, nous n’étions même pas vraiment écoutés et il ne fallait surtout pas espérer avoir une réponse. Nous étions là pour faire comme ils voulaient, et pas pour faire les choses ensemble.

Je suis quelqu’un d’assez nerveux et impulsif, du coup, quand quelque chose me dérange j’ai tendance à le dire. Lors de cette expérience, j’ai beaucoup pris sur moi, sauf une fois ou je n’ai pas pu m’empêcher d’exprimer ma colère, mais pour le coup, même une volontaire coréenne plutôt habituée à écouter sans sourciller exprimait son mécontentement.

Lors de ma deuxième expérience de volontariat, tout a beaucoup mieux commencé. J’ai proposé pas mal de choses (Organisation d’un ciné-club une fois par semaine, tournage d’un court métrage…) et j’ai eu beaucoup de « Oui » en retour de la part de la prof qui nous accompagnait sur cette mission. Mais hélas, ce n’était que façade, elle ne savait pas dire non, mais jamais, je n’ai eu le soutien pour mettre en place ces projets et je me suis heurté à de nombreuses barrières et un manque total de bonne volonté ou d’honnêteté.

Durant mes cinq mois en Corée, j’ai eu, au final, un impact très limité sur les jeunes que je côtoyais, et mis à part un en particulier, je ne pense pas vraiment leur avoir apporté quelque chose. Les raisons égoïstes de faire du volontariat sont nombreuses, et au final, je me dit que cette expérience a surtout été utile pour moi.

Du voyage naît la sagesse

Derrière ce titre un peu pompeux se cache une vraie idée. A chacun de mes « grands voyages », je pense avoir beaucoup changé. Une citation de voyage de Francis Bacon résume assez bien cette pensée : « Les voyages sont l’éducation de la jeunesse et l’expérience de la vieillesse. »

En 2008, lors de mon voyage en Chine, je me suis libéré socialement. j’ai ravalé ma timidité, j’ai fait un nombre de rencontres incroyables et j’ai énormément progressé en Anglais. J’ai aussi pris conscience que je voulais découvrir d’autres parties du monde.

Chris méditeEn 2010 et 2011, lors de mon voyage de dix mois, j’ai pris conscience qu’il était hors de question que je fasse, durablement, un travail qui ne me procure pas de plaisir.

Enfin, lors de ce voyage en Corée du Sud, j’ai énormément appris à prendre sur moi et à rester zen. Je me suis initié à la méditation dans un temple bouddhiste, mais ce n’est pas là que j’ai changé, c’est plutôt au quotidien.

En fait, je suis même reparti assez frustré de cette expérience en Corée du Sud. J’ai vécu des moments incroyables, mais j’ai aussi été déçu sur beaucoup de points et je me suis rendu compte que la culture coréenne était vraiment en décalage avec mon caractère et mes habitudes. J’étais même ravi de rentrer en France et je pensais ne pas retourner en Corée.

Depuis mon retour, les choses ont bien changé. Je me suis rendu compte que j’étais très nostalgique de ce séjour, de ce pays et de tous les amis que j’ai pu me faire sur place. Avoir passé autant de temps dans un pays, cela créé forcément des liens forts. En plus de cela, je me rends compte que ces moments frustrants m’ont beaucoup apporté. Aujourd’hui, je suis beaucoup plus posé qu’avant. Je ne vais pas m’énerver facilement et je vais laisser couler beaucoup plus de choses. Quand je vais rencontrer quelqu’un d’ignorant, avec des idées qui me dégoûtent, je ne vais pas forcément m’engouffrer dans la brèche, et je vais savoir ignorer ses propos. Cela va me permettre de rester détendu dans des situations ou par le passé j’aurais pu être assez stressé voir agressif. Je ne prétends par être la sagesse incarnée, mais je suis tout de même plus posé qu’il y a quelques mois.

Update 2017 : J’ai écrit cet article en juin 2015, et un an et demi plus tard, je ressens le besoin de l’enrichir. Depuis cette réflexion, je suis moi-même passé par pas mal de choses. Je me suis beaucoup interrogé sur mon mode de vie, ma façon de voyager et ce que je voulais. Pas forcément des reflexions sur le très long terme, ce n’est pas trop mon truc, mais plutôt sur ce que je voulais faire là, maintenant, et sur les mois à venir. Ce qui ressort, et je sais que beaucoup de voyageurs au long cours sont passés par cette phase de doute, c’est que je suis un peu fatigué de toujours courir, bouger toutes les semaines. Alors oui, c’est enrichissant de rencontrer chaque mois plein de nouvelles personnes, dont beaucoup s’avèrent vraiment très intéressants. Mais au final, on doit toujours passer par le même process, de se présenter, d’essayer de voir s’il y a vraiment des affinités avec les personnes rencontrées, et dans la plupart des cas, on ne les revoit pas à posteriori. C’est frustrant.

Aujourd’hui, j’ai toujours envie de voyager, mais j’ai envie de la faire plus lentement, en privilégiant les longs séjours, voir l’expatriation. J’ai toujours envie de rencontrer de nouvelles têtes, mais je veux aussi nourrir des relations existantes, créer des liens plus forts, plus profonds.

En conclusion, je ne peux pas vous dire à quoi cela sert de voyager car chaque expérience est différente et aura une influence unique. Surtout, en plus d’être unique à chaque personne, l’impact du voyage et le regard sur le monde évoluent aussi avec le temps. En 2017, je ne suis pas le même qu’il y a trois ans, et je serais encore différent dans cinq ans. Si vous voulez savoir de quelle manière le voyage va vous faire évoluer, il n’y a qu’un moyen de le savoir, c’est de commencer à préparer votre prochain voyage. Et en attendant, vous pouvez toujours parler de ce que vous ont déjà apporté vos précédents voyages en commentaires.

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A propos de l'auteur Voir tous les articles

Christopher

Accro au voyage depuis 2008, j'aime découvrir de nouvelles destinations en prenant mon temps, et si possible en faisant du sport ! Je suis également passionné de cinéma, donc il peut m'arriver de faire référence à des films dans certains articles.

9 CommentsLaisser un commentaire

  • Bonjour,

    Je ne suis pas restée aussi longtemps que toi à l’étranger mais je voyage régulièrement. Il y a dans le voyage toujours quelque chose d’enrichissant à apprendre, à voir, à rencontrer.

  • En ce qui me concerne, le voyage me sert à ouvrir l’esprit, à voir ce qu’il se passe ailleurs, à apprendre plein de choses, pratiquer une nouvelle langue, mais surtout faire un voyage intérieur, sur soi. Apprendre à se connaître, ses limites, ses peurs, ses envies, et comment arriver à bout de ce que l’on veut.
    Le voyage est une école de vie qui ne cesse de me surprendre!

  • Salut, sympa ton article. Ça a fait résonance avec un séjour en Australie. Court mais suffisant pour percevoir qu’ailleurs c’était possible de vivre en étant apaiser. Et quand je suis rentrée c’était pareil, j’étais plus calme plus sereine. Mais quelqu’un a t-il écrit qqchose sur le petit blues qui arrive en contre coup au retour de certains voyages? Je me demande…

  • Salut, j’habite en Guyane où je suis enseignante depuis 7 ans. J’ai également voyagé un peu partout et j’aurais aimé avoir ton avis sur cette réflexion attribuée à Gandhi: « le plus grand voyageur n’est pas celui qui a fait dix fois le tour du monde mais celui qui a fait une seule fois le tour de lui-même ».

  • Bonjour !
    Je découvre ton blog avec cet article que je trouve très intéressant. En ce qui me concerne, j’ai l’impression que voyager m’a permis d’être telle que je suis vraiment, de gagner en assurance et en confiance en moi pour les voyages que je fais en solo… ainsi que de profiter de l’autre et du temps passé ensemble pour les voyages que je fais en duo. Après deux tours du monde de 11 puis 8 mois, je me lance dans l’aventure de ‘ »l’expatriation », en tout cas du changement de continent, à la Réunion… Cela va faire 6 mois que j’y suis, et c’est effectivement une autre expérience du voyage. Comme tu le dis, en restant plus longtemps on noue des liens plus forts et pérennes… par contre, la routine revient vite, à Paris ou à l’autre bout du monde.

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