L’amour et la passion en voyage

Cabane dans les bois

C’est un article que je traîne depuis des mois. Peut-être même depuis plus d’un an, et il a bien évolué depuis le temps. Initialement je pensais parler d’une rencontre, d’une histoire, et puis une autre est arrivée, soudainement, au moment où je m’y attendais le moins. L’idée n’est pas forcément de définir les différences entre passion et amour, je pense que les nuances sont parfois complexes et le sens que l’on met au mot différent d’une personne à l’autre. Non, dans cet article, je vais vous partager mes réflexions sur l’amour et la passion en voyage, les sensations que cela procure, mais aussi les complications… Je vais aussi, dans une moindre mesure, aborder ces deux rencontres de voyage qui ont amené mon cœur à s’embraser.

Tomber amoureux à l’autre bout du monde

Si vous avez déjà voyagé en célibataire, vous avez probablement eu l’occasion de faire des rencontres durant vos périples. Au cours de mes voyages, j’ai rencontré pas mal de femmes qui m’ont plu, qu’il se soit passé quelque chose ou non. Je ne suis pas là pour parler de ces brèves aventures, même si certaines étaient très belles. Non, je souhaite parler de celles qui bouleversent. A titre personnel, j’en ai vécu deux, nous y reviendrons plus tard.

Cela peut paraître ridicule, mais lorsque l’on voyage, notamment dans des lieux ensoleillés, tout le monde est plus beau, plus joyeux. Les femmes sont bronzées, s’habillent comme elles le souhaitent et vivent comme elles en ont envie. C’est donc beaucoup plus facile d’avoir le sourire, d’être de bonne humeur et prêt à faire des rencontres. Dans les rues de Chiang Mai par exemple, j’ai croisé plein de femmes que j’ai trouvées très jolies, et je ne les aurais probablement pas remarquées dans le métro à Paris. Le charme n’est pas qu’une affaire de physique, loin de là, mais aussi d’attitude, d’état d’esprit et de bien être. Bref, je suis en train de m’égarer…

Ce que je voulais dire par là, c’est que le voyage est un contexte particulier, durant lequel les sensations et les émotions peuvent être décuplées. Du coup, lorsque l’on vit quelque chose d’un peu particulier avec quelqu’un, que l’on a un coup de cœur, on peut avoir tendance à s’enflammer. On ne passe que quelques jours ensemble, mais ils sont tellement beaux qu’on associe, en partie à juste titre, ce bonheur à l’autre personne. On commence alors à vouloir aller au-delà de ces quelques jours, on en parle, et l’aventure prend une autre tournure, et devient un voyage à part entière.

ballon turquie

J’ai discuté avec pas mal de voyageurs qui ont vécu ce genre de rencontres très intenses, et même si elles peuvent finir assez douloureusement, ce sont aussi parmi les plus belles histoires, et je me dit qu’il faut peut-être les vivre jusqu’à épuisement. En tout cas, je pense essentiel d’avoir vécu cela au moins une fois dans sa vie. Après, selon la personnalité, la fragilité, il est peut-être plus raisonnable de ne pas les multiplier.

Faut-il vivre à fond la passion « amoureuse » ? Dans n’importe laquelle de mes relations, il y a bien sur eu une phase de passion au début, qui a évolué vers de l’amour. Mais dans ce genre d’histoire dont je parle plus haut, il y a une intensité hors norme, avant même qu’il y ait, selon moi, de l’amour. Il s’agit de passion physique et fusionnelle. Un mec avec qui j’ai discuté récemment de ces choses là, ne l’a, je crois, jamais vécu. Il est tellement focalisé sur lui-même, il a tellement de facilités à séduire qu’il ne s’est jamais perdu dans personne. Aussi destructeur que cela peut être, se perdre dans quelqu’un est aussi quelque chose d’incroyablement fantastique.

Tandis qu’une personne m’a récemment dit que la passion était toujours destructrice, une autre m’a révélé ne pas pouvoir imaginer une relation sans passion. C’est peut être une question d’âge, de vécu et de maturité, mais aussi de caractère. Certaines personnes ont, selon moi, plus besoin de passion que d’autres. On peut trouver la passion dans plein d’autres activités, mais lorsque l’on est quelqu’un de très passionné, c’est peut-être plus difficile de réussir à mettre en place une relation durable sans frustrations.

Un autre ami avec qui j’ai discuté de la passion m’a dit l’avoir vécu, mais ne plus du tout la chercher, car cela l’avait trop blessé. Aujourd’hui il s’épanouit dans une relation plus simple, avec une personne absolument incroyable, qui l’aime et avec qui il avance et construit des projets communs. La passion, hélas, peut facilement amener l’un des deux à trop d’efforts et celui-ci, au bout d’un moment, n’est plus lui-même, où l’autre peut en faire ce qu’il veut…

Lorsque l’on est passionné, c’est très facile de « tomber amoureux ». Le plus dur commence alors si l’on souhaite aller plus loin, voir ce que cela peut donner, il faut réussir à rester amoureux. Et parfois, même avec les meilleures intentions du monde, cela peut être difficile. L’amour et surtout le fait d’être en relation est quelque chose de très complexe lorsque l’on est un voyageur au long court. Si l’on rencontre quelqu’un de moins mobile, il faut réussir à être disponible. Et lorsque l’on rencontre quelqu’un qui bouge comme nous, il faut désirer aller dans la même direction, surtout au début. Une fois que la relation est construite, installée, que l’on est passé du « tomber amoureux » au « rester amoureux », alors il est peut-être plus facile de gérer la distance, de gérer le manque d’échanges avec l’autre ou les difficultés à communiquer. Mais le voyageur manque parfois de temps, où de volonté, pour construire tout cela, pour ralentir. Pour citer, encore une fois, une autre personne « Il est parfois trop tôt pour vivre une relation à distance ».

C’est peut être, finalement, ce qui différencie la passion de l’amour. Ressentir des émotions fortes dans le moment présent, à proximité d’une personne, c’est quelque chose de facile. Ressentir ce même genre d’émotions, durablement, même loin de la personne, cela nécessite une vraie volonté, c’est un choix, un engagement, qui ne se prend pas sur un coup de tête mais se fait sur la durée. Lorsque l’on voyage, certes on est plus libre de changer ses plans, mais, pour beaucoup, on a justement fait ce choix pour avoir plus de liberté, pour être plus indépendant, et il peut être assez difficile de céder une partie de cette liberté, de faire les compromis nécessaires à l’amour. Cela peut être perçu comme « faire machine arrière ».

Comme évoqué plus haut, cela fait un moment que je réfléchis aux problématiques de passion et d’amour, j’en ai parlé avec beaucoup de monde parmi mes amis ou parmi les personnes rencontrées en voyage. C’est parfois très libérateur de se confier à quelqu’un que l’on ne connait pas. J’ai discuté avec des gens qui ont leur propre vécu par rapport à la passion et l’amour. Je me suis interrogé sur ces notions et sur moi-même ! Quelqu’un a même réussi à me faire m’intéresser à la notion de poly-amour !

J’ai également lu plusieurs œuvres dans lesquelles on retrouve la passion comme sujet dominant. Le rouge et le noir de Stendhal s’est révélé être une véritable claque. A travers deux passions, l’auteur traite des sentiments et sensations des uns et des autres avec une justesse assez incroyable. J’ai dévoré ce livre il y a un an et je sais que je relirais prochainement.

Sur la passion, on m’avait aussi recommandé Madame Bovary de Flaubert. Je l’ai lu, et mis à part un paragraphe, je n’ai pas eu le sentiment de lire une œuvre sur la passion, mais plutôt sur une femme tellement incapable de contrôler ses émotions qu’elle n’arrive pas à trouver le bonheur et fait du mal à ceux qui l’entourent. Je vous recommande donc plutôt Le Rouge et le Noir.

Ethan Hawke et Julie Delpy

Du coté du cinéma, une autre grande passion chez moi, je vous recommande la trilogie des « Before »Before Sunrise, Before sunset et Before midnight. Le réalisateur Richard Linklater et ses comédiens Julie Delpy et Ethan Hawke (également scénaristes) s’interrogent sur l’amour dans des séquences très dialoguées, à chaque fois dans le cadre d’un voyage, à travers trois périodes de la vie (grosso modo à 20 ans, 30 ans et 40 ans).

Je pense avoir « fait le tour du sujet » d’un point de vue théorique. Tout du moins, j’ai exprimé ce que j’avais à dire aujourd’hui sur la passion et l’amour, même si c’est un sujet qui s’écrit chaque jour un peu plus. Je vais donc, sans entrer dans les détails, vous parler un peu plus de ces deux rencontres passionnées que j’ai vécu « grâce au voyage ». La première était vouée à être éphémère, tandis qu’avec la deuxième, j’ai cru avoir rencontré une âme sœur (je ne crois pas en l’âme sœur unique).

Le regard vers les étoiles

Début mai 2014, je suis parti en voyage en Turquie. Lors de mon passage en Cappadoce, j’ai rencontré A, qui voyageait avec ses amies. On a commencé à discuter dans l’auberge, et lorsqu’elle est montée sur le toit pour fumer, je n’ai pas pu m’empêcher de la suivre, moi, le non-fumeur, pour poursuivre la conversation le temps de sa cigarette. On est restés là-haut 20 à 30 minutes et je mourais déjà d’envie de l’embrasser, c’est peut-être la seule fois que c’est arrivé de ma vie.

Cappadoce romantique

Le lendemain, j’ai rejoint son groupe pour un roadtrip à travers la Cappadoce, ce qui nous a permis de discuter encore un peu plus et de commencer « à se chercher ». Le soir, nous sommes retournés à Göreme et avons pu profiter d’un ciel étoilé absolument incroyable. J’étais avec une très belle femme, très intéressante, dans un cadre absolument romantique, toutes les conditions étaient réunies pour que l’on passe une nuit incroyable ensemble… et que l’on commence, forcément, un peu à s’emballer. Le lendemain, elle repartait, et l’un comme l’autre, on ne voulait pas que l’histoire s’arrête là.

Nous nous sommes donc revus quelques jours plus tard à Istanbul. Plus on se rapprochait de mon retour pour la France, et plus nous exprimions le fait que l’on s’appréciait vraiment. La frustration de se dire « Au revoir » pour de bon nous gagnait et finalement, nous avons décidé de nous revoir, encore, quelques semaines plus tard. Dès le début, dans cette histoire, malgré l’intensité de nos émotions, j’ai eu le sentiment que ce ne serait jamais quelque chose de durable. Pour divers traits de caractère, je ne nous imaginais pas être capables d’avoir une histoire au long court. Mais l’envie de rester en contact et le désir de se revoir étaient quand même là et restaient dans nos têtes à tous les deux.

Comme nous n’allions pas nous revoir pour plusieurs mois, nous avons fait le choix de continuer à vivre notre vie chacun de notre côté, d’être libre, tout en restant en contact. Nous avons chacun fait des rencontres, et finalement, un jour, elle a eu envie de donner une chance à l’une de ces rencontres. Nous nous sommes éloignés, et pourtant, malgré mes certitudes sur notre incompatibilité sur la durée, je n’ai cessé de penser à elle. Sans jamais le faire, j’ai plusieurs fois envisagé de prendre l’avion pour la rejoindre là où elle se trouvait, quelque part à l’autre bout du monde. J’ai fait d’autres rencontres, mais aucune ne m’a fait arrêter de penser à elle.

Et puis un jour, début avril, prêt d’un an après notre rencontre, c’est elle qui m’a contacté pour me proposer de la rejoindre aux Philippines, alors que j’étais tout prêt, en Thaïlande. Mais pour diverses raisons, ce n’était pas vraiment possible pour moi de la retrouver. Les semaines suivantes, je me suis beaucoup interrogé. Avais-je fait une erreur de ne pas la rejoindre ?

Et puis j’ai été surpris, au moment où je m’y attendais le moins. Comme au cours des mois précédents, j’ai fait une rencontre, j’ai vécu un aventure avec une personne. Mais contrairement aux fois précédentes, j’ai eu l’impression qu’un truc en plus était en train de se passer. Je venais de faire « une belle rencontre » et je ne voulais pas prendre le risque de passer à côté de quelque chose qui pouvait être très beau sous prétexte que nos projets devaient nous emmener dans des lieux différents.

Je me suis retrouvé embarqué dans une nouvelle passion très intense, qui s’est transformée en Amour. (Bon je sais, j’ai dit que je n’essaierais pas de distinguer passion et amour et finalement j’ai l’impression de ne faire que ça depuis le début de l’article)

Retour sur terre

Cette deuxième histoire, avec C, a duré plusieurs mois, malgré la distance, malgré les incertitudes, pour le pire et pour le meilleur.  Comme c’est plus frais, et d’une certaine manière plus personnel, je vais rester plus évasif. Nous nous sommes retrouvés pour des voyages ensemble et en avons imaginé des dizaines d’autres. Malgré les difficultés, j’avais vraiment le sentiment d’avoir trouvé quelqu’un avec qui je vivais une passion intense et avec qui je pouvais aussi imaginer un futur assez incroyable pour l’un comme pour l’autre. Mais finalement, peut être que oui, la passion a quelque chose de destructeur, et quand une relation est trop fusionnelle, le chemin de la réussite est semé d’embûches et d’obstacles trop difficiles à surmonter pour l’un des deux.

Amoureux au bord d'un lac

Cette histoire m’a aidé à pousser mes réflexions, je lisais déjà sur la passion et l’amour, je vous l’ai dit plus haut, mais notre séparation m’a amené à m’interroger encore plus sur moi, mes besoins, mon rapport à la passion. Je le sais, je veux revivre ce genre d’histoire intense, c’est une évidence. Dans le même temps, je m’interroge fortement sur leur viabilité sur le long terme. Vais-je un jour réussir à concilier passion et relation durable ? Je n’en ai pas la moindre idée, mais je l’espère toujours.

Aujourd’hui je ne suis ni avec A et C. Avec A, nous parlons encore de voyager ensemble dans le futur. Cela n’arrivera peut être jamais. Avec C, nous faisons le choix de nous éviter. Quoiqu’il en soit, pour l’une comme pour l’autre, je suis incapable de dire si c’est fini pour de bon ou pour le moment. D’une certaine manière, je serais probablement amoureux d’elles toute ma vie. Je ne sais pas dans quelle mesure le voyage a contribué à créer des émotions aussi belles, mais c’est certain qu’il a joué sa part.

Il est difficile de dire si le mieux est de courir après l’une d’elle ou de rencontrer d’autres personnes. Aujourd’hui je fais ce second choix, en espérant retrouver la passion, l’intensité que j’ai ressenti avec ces deux femmes et dans le même temps, même si c’est peut-être voué à l’échec, dans l’optique de construire une relation. A dire vrai, ce n’est peut-être juste pas l’heure. Je suis un nomade, et à ma manière, un peu instable, qui multiplie les compagnons de voyage. Si l’envie de me poser est évidente, je n’en ai peut-être pas la capacité pour le moment. Le pire qui peut m’arriver, donc, est de vivre d’autres histoires romantiques en voyage. Il y a pire comme scénario non ?

Je dédie cet article à A et C, deux muses qui m’ont inspiré ces mots, par leurs regards, leurs sourires et leur énergie débordante.

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Christopher

Accro au voyage depuis 2008, j'aime découvrir de nouvelles destinations en prenant mon temps, et si possible en faisant du sport ! Je suis également passionné de cinéma, donc il peut m'arriver de faire référence à des films dans certains articles.

4 CommentsLaisser un commentaire

  • Je sors juste de ce genre de relation. C’est encore très frais, et… je ne sais pas si je suis très objective. Mais en effet, le fait d’être loin et dans un cadre exceptionnel a peut-être rendu la chose plus belle qu’elle ne l’était vraiment. C’est lui qui n’a pas voulu que nous continuions, certainement parce qu’il va continuer de voyager partout et qu’il ne veut pas s’attacher à quelqu’un en particulier.
    Mais pour le coup, je trouve ça assez destructeur, au niveau sentimental. L’impression de trouver LA personne qu’il nous faut, mais que tout est fait pour que ça ne dure pas…
    Il faut donc, à mon sens, profiter pleinement du moment présent, mais surtout, surtout, se préparer à la chute, qui est vraiment rude.

  • Ohhhh c’est un truc que je peux tout à fait comprendre même si ça ne m’est pas arrivé. Pas en amour en tout cas, mais en amitié. Comme tu dis, le contexte, l’endroit, l’état d’esprit, tout est différent de ce qu’on connait, de ce qu’on a « à la maison » et donc lorsque des sentiments tels que l’amour ou l’amitié, l’affection, etc… nous tombent dessus, eh bien ils sont aussi différents et décuplés. et bien sûr la retombée sur Terre est d’autant plus difficile. C’est peut être pour cela que je m’interdis de tomber amoureuse en voyage? Qui sait ? En tout cas c’est un très bel article!

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